I. Introduction
La Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest, se distingue par une mosaïque culturelle et ethnique d’une richesse remarquable. Le territoire abrite plus de 60 groupes ethniques distincts , voire 69 selon certaines estimations , chacun apportant une contribution unique au patrimoine national. Cette pluralité est d’autant plus fascinante que, contrairement à de nombreux pays, la Côte d’Ivoire ne possède pas de groupe ethnique majoritaire dominant.
Le français est la langue officielle, un héritage de la période coloniale. Cependant, le pays est le foyer de plus de 70 langues nationales , témoignant d’une diversité linguistique profonde qui imprègne le quotidien des Ivoiriens. Cette complexité identitaire, où aucune culture ne prévaut de manière hégémonique, implique une négociation et une synthèse constantes des divers éléments culturels pour forger une identité nationale cohérente. Cette dynamique est explicitement reconnue comme une force pour la paix et l’inclusion.
La diversité culturelle est, en effet, perçue et activement promue comme un atout intrinsèque pour la paix et l’inclusion nationale. L’identité ivoirienne est un processus dynamique de construction, intégrant des éléments variés issus des différentes cultures dans un patrimoine commun. Cette approche contraste avec les tentatives passées de définir une « ivoirité » restrictive, qui ont malheureusement mené à des périodes de conflit. La reconnaissance de cette richesse plurielle est essentielle pour comprendre les dynamiques sociales et politiques du pays.
II. Démographie et Cadre Général des Groupes Ethniques
Population et Langues Officielles et Nationales
La population de la Côte d’Ivoire a connu une croissance significative, passant d’environ 23,8 millions d’habitants en 2017 à 29,39 millions en 2021. Cette démographie est caractérisée par une jeunesse notable, avec 75,6% de la population ayant moins de 35 ans en 2021.
Le français, langue officielle, coexiste avec plus de 70 langues nationales parlées à travers le pays. La quasi-totalité de ces langues appartient à la grande famille nigéro-congolaise, à l’exception notable de l’arabe leventin, qui fait partie de la famille afro-asiatique. Il est intéressant de noter qu’environ la moitié des enfants ivoiriens parlent au moins deux langues africaines, telles que le dioula, le baoulé, le bété et l’agni. Cette réalité quotidienne souligne une richesse multilingue vivante. Cependant, il est surprenant de constater que, malgré cette vitalité, les langues ivoiriennes n’ont pas encore obtenu un rôle plus important dans la vie sociale du pays, le français restant prépondérant bien que non officiellement institutionnalisé dans tous les usages. Cette situation révèle un héritage colonial persistant et une opportunité future pour le développement de politiques linguistiques qui valoriseraient davantage les langues nationales.
Les Quatre Grands Groupes Ethniques
La population ivoirienne est traditionnellement structurée autour de quatre grands groupes ethno-linguistiques, chacun ayant une influence culturelle et démographique distincte :
- Akan : Ce groupe est le plus nombreux, représentant 38,0% de la population ivoirienne en 2021 , et environ 42% en 2016. Il englobe des ethnies telles que les Baoulé (19,5% en 2017), les Anyin (6,0%), les Agni, les Abron, les Ebrié, les Abouré, les Adioukrou et les N’zima.
- Mandé : Ce groupe est divisé en Mandé du Nord (22% en 2021) et Mandé du Sud (8,6% en 2021). Globalement, le groupe Mandé représentait environ 27% de la population en 2016. Il comprend les Malinké (17,7% en 2017), les Dioula, les Sénoufo, les Dan (Yacouba, 6,2%), les Gouro et les Koyaka.
- Gour (Voltaïque) : Représentant 22% de la population en 2021 , ou environ 16% en 2016. Ce groupe inclut les Sénoufo (9,9% en 2017), les Lobi et les Mooré (5,7%).
- Krou : Ce groupe représente 9,1% de la population en 2021 , ou environ 15% en 2016. Les Bété sont la principale population de cet ensemble , qui inclut également les Guéré, les Wobé, les Niaboua, les Neyo, les Dida et les Godié.
Il est important de noter de légères variations dans les pourcentages de population entre les données de 2016/2017 et celles de 2021. Par exemple, la proportion des Akan est passée de 42% à 38%. Ces changements peuvent s’expliquer par différentes méthodologies de recensement, des évolutions démographiques naturelles, ou l’impact de la migration et de la naturalisation, comme l’augmentation du nombre de nationaux par le jeu de la naturalisation des étrangers. Ces fluctuations soulignent la nature dynamique des statistiques démographiques et l’évolution constante de la composition ethnique du pays.
Répartition Géographique des Principales Ethnies
La répartition géographique des principaux groupes ethniques en Côte d’Ivoire est la suivante :
- Les Akan sont principalement localisés à l’est, au centre et au sud-est du pays. Les Baoulé, un sous-groupe Akan central, résident majoritairement au centre, dans des villes comme Yamoussoukro et Bouaké, et sont établis entre les fleuves Bandama et Comoé.
- Les Mandé se trouvent à l’ouest et au nord-ouest. Le Dioula, une langue mandingue, est une langue véhiculaire parlée sur toute l’étendue du territoire, en particulier par les commerçants.
- Les Krou résident au centre-sud et au sud-ouest. Les Bété, la principale population Krou, sont concentrés dans le centre-ouest, notamment dans la « boucle du cacao » (régions de Gagnoa, Daloa, Soubré, Issia).
- Les Gour (Voltaïque) sont situés au nord-est et au nord du pays. Les Sénoufo et les Lobi, des sous-groupes Gour, habitent spécifiquement le Nord.
Aperçu de la Composition Religieuse
La Côte d’Ivoire présente un paysage religieux diversifié, sans religion majoritaire dominante. En 2021, la composition religieuse était la suivante : l’Islam représentait 42,5%, le Christianisme 39,8%, les Religions traditionnelles africaines et autres 2,2%, et aucune religion 12,6%. Des données de 2017 indiquaient des proportions similaires, avec 38% d’adhérents à l’Islam, 22% de catholiques, 5,5% de protestants, et 17% de fidèles aux religions traditionnelles.
Il existe des liens significatifs entre la religion et l’usage des langues en Côte d’Ivoire. Les chrétiens et assimilés utilisent le français et les langues ivoiriennes de manière équivalente, tandis que les musulmans emploient davantage l’arabe et le dioula. Cette corrélation souligne une stratification culturelle qui va au-delà des simples lignes ethniques. Par exemple, le dioula, une langue mandingue, est explicitement lié à l’Islam et sert de langue véhiculaire importante au-delà de son groupe ethnique d’origine. Cette interaction entre identités religieuses, linguistiques et ethniques constitue un aspect fondamental de la cohésion sociale ou, potentiellement, des divisions au sein de la société ivoirienne.
Tableau Récapitulatif des Groupes Ethniques Majeurs en Côte d’Ivoire (2021)
Groupe Ethnique | Population Estimée (2021) | Pourcentage (2021) | Langues Principales | Principales Régions de Résidence |
Akan | ~11,17 millions | 38,0 % | Baoulé, Anyin, Agni | Est, Centre, Sud-Est |
Mandé du Nord | ~6,47 millions | 22,0 % | Dioula, Malinké | Nord-Ouest, Nord |
Gour (Voltaïque) | ~6,47 millions | 22,0 % | Sénoufo, Mooré, Lobi | Nord-Est, Nord |
Krou | ~2,67 millions | 9,1 % | Bété, Guéré, Dida | Centre-Sud, Sud-Ouest |
Mandé du Sud | ~2,53 millions | 8,6 % | Dan (Yacouba), Gouro | Ouest, Centre-Ouest |
Autres | ~0,09 millions | 0,3 % | Diverses | |
Total | 29,39 millions | 100,0 % |
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Note : Les populations estimées sont basées sur les pourcentages de 2021 appliqués à la population totale de 29,39 millions d’habitants en 2021.
III. Les Akan : Héritage, Organisation Sociale et Expressions Culturelles
Origines Historiques, Migrations et Territoires Traditionnels
Les Akan constituent le groupe ethnique le plus important de Côte d’Ivoire, représentant 38% de la population en 2021. Leur histoire est profondément liée au royaume des Ashantis, situé dans l’actuel Ghana, d’où ils ont migré vers le territoire ivoirien par vagues successives entre la fin du XVIIe et le milieu du XVIIIe siècle. Les Baoulé, un sous-groupe Akan central , sont particulièrement emblématiques de cette migration, ayant été guidés par la légendaire reine Pokou lors de leur traversée du fleuve Comoé pour échapper aux guerres de succession Ashanti.
Leurs territoires traditionnels s’étendent sur le sud, le centre et l’est de la Côte d’Ivoire. Les Baoulé se sont spécifiquement établis au centre du pays, entre les fleuves Bandama et Comoé, dans des villes importantes comme Yamoussoukro et Bouaké. La diversité au sein du groupe Akan est notable, avec des distinctions entre les Akan du Centre (principalement les Baoulé), les Akan frontaliers (Agni, Abron) et les Akan lagunaires (Ebrié, Abouré, Adioukrou, N’Zima, Attié, Abbey, Alladian, Avikam, Ayahou, Ahizi, Éhotilés).
Structures Sociales et Croyances Fondamentales
La société Akan est majoritairement organisée autour de lignages matrilinéaires, où l’héritage et la transmission se déroulent par la lignée maternelle. Cette structure confère aux femmes une position centrale au sein de la famille et dans la politique traditionnelle, notamment à travers le rôle de la reine-mère. La succession au trône est même ouverte aux femmes, ce qui illustre la reconnaissance de leur légitimité et influence. Le système des classes d’âge, particulièrement chez les Akan lagunaires, régule le fonctionnement social, assurant la paix, la stabilité et un renouvellement périodique du pouvoir. Le pouvoir royal est souvent collégial, exercé conjointement par le roi et la reine mère, assistés de conseils.
Les croyances Akan sont ancrées dans la foi en un dieu unique (Nyamien pour les Baoulé), complétée par la vénération de divinités secondaires et des ancêtres. La cosmogonie Akan repose sur un équilibre fondamental entre le monde des vivants, celui des ancêtres et celui des esprits. Le culte des ancêtres est un pilier qui structure la vie sociale. Bien que de nombreux Akan aient embrassé le christianisme, ils intègrent fréquemment leurs pratiques religieuses traditionnelles, démontrant une capacité de syncrétisme. La forte influence du système matrilinéaire et le rôle prépondérant des femmes, y compris dans le leadership, distinguent les Akan et mettent en lumière la diversité des structures sociales au sein de la Côte d’Ivoire, contrastant avec les systèmes patrilinéaires observés chez d’autres groupes.
Arts Traditionnels et Artisanat
Les Akan sont reconnus pour leur artisanat raffiné, qui se manifeste à travers la sculpture sur bois, le tissage et l’orfèvrerie. Ils sont particulièrement célèbres pour leurs
poids à peser l’or (dja), de véritables œuvres d’art aux formes symboliques, qui incarnaient autrefois le pouvoir économique du souverain. Le
Kente, un tissu sacré tissé à la main, est un symbole de dignité, de pouvoir et de spiritualité. Les grands pagnes à damiers baoulé ou bassamois sont également des exemples notables de leur savoir-faire textile.
L’art Baoulé, en particulier, se distingue par une vaste gamme de masques, appréciés pour leur qualité, leur finesse et leur symétrie. Les masques-portraits (ndoma, Gbagba) sont des représentations de personnes renommées pour leurs qualités physiques ou morales et sont mis en scène lors de danses de divertissement. Les statues « blolo bia » incarnent des « épouses de l’au-delà », des hommages à l’opposé sexuel idéalisé. L’intégration d’éléments culturels d’autres groupes, comme l’emprunt de cultes et de masques aux Gouro par les Baoulé , illustre la nature dynamique et perméable des frontières culturelles en Côte d’Ivoire.
Musique et Danses Caractéristiques
Les Akan se distinguent par des traditions musicales et chorégraphiques très élaborées, incluant l’utilisation de tambours parleurs et des danses d’initiation. Le
Goli est une danse sacrée et de réjouissance, largement répandue dans la région centrale du Bandama. Bien qu’empruntée à leurs voisins Wan et Gouro, cette danse est devenue une marque identitaire des Kodè Baoulé. Il existe plusieurs variantes de masques Goli (Goli-Glin, Kpan, Kplé-kplé, Dandi, Anté, Kouassi Gbé, Aganiman), chacun associé à des attributs et rituels spécifiques.
L’Adjanou est une danse sacrée exclusivement réservée aux femmes, dont le but est de chasser les esprits malins et de protéger la communauté. L’
Adjémélé est une autre danse initiée par un groupe Baoulé établi dans la région de Sakassou. Le
Kotou, dont l’histoire est liée à un serpent boa, est une danse principalement masculine. Enfin, l’
Adjoss est une danse de réjouissance populaire chez les Baoulé, principalement exécutée par les femmes, qui met en valeur les qualités vocales des participants. Des enregistrements d’albums de musique traditionnelle Akan sont disponibles, témoignant de la richesse de ces expressions artistiques.
Cuisine et Spécialités Culinaires
L’agriculture vivrière constitue la base de l’alimentation Akan, avec l’igname, la banane plantain et le manioc comme cultures essentielles. Pour les Akan lagunaires, la pêche est l’activité dominante.
Le Foutou, une pâte écrasée de banane plantain, d’igname ou de manioc, est une spécialité Akan consommée dans presque toutes les régions de Côte d’Ivoire. Il est fréquemment accompagné de diverses sauces, telles que la sauce graine, la sauce arachide, la sauce gombo ou la sauce aubergine. Le
Kedjenou, un ragoût de poulet ou de gibier, est d’origine Baoulé et est traditionnellement cuit dans un récipient en terre cuite appelé canari, permettant une cuisson à l’étouffée qui concentre les saveurs. La
Sauce Kôpè Baoulé, à base de viande de mouton, de crabe et de gombo, est une autre spécialité culinaire. La
Sauce Bio Gbôlou Tro est également une sauce typique Baoulé. Enfin, le
N’Zassa est un mets très prisé par le peuple Akan.
IV. Les Mandé : Commerce, Spiritualité et Dynamiques Sociales
Origines, Migrations et Répartition Géographique
Les peuples Mandé trouvent leurs origines au Libéria, au Mali et en Guinée. Ils sont principalement établis dans les régions de l’ouest et du nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Le groupe Mandé est vaste et comprend des sous-groupes importants tels que les Malinké, les Bambara, les Dioula, les Foula (Peul), les Dan (Yacouba), les Gouro et les Koyaka.
Le Dioula, une langue mandingue, est une « lingua franca » et la « première langue véhiculaire » en Côte d’Ivoire. Elle est largement utilisée par les commerçants et artisans pour faciliter les échanges commerciaux à travers le pays et avec les nations frontalières. Sa présence n’est pas confinée à une zone géographique spécifique, mais s’étend sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Le rôle des Mandé dans le commerce et la diffusion de l’Islam a été un facteur déterminant de leur influence culturelle. Leur succès en tant que caste marchande a conduit à l’établissement de communautés commerciales à travers la région dès le XIVe siècle. Cette expansion économique et religieuse explique pourquoi le Dioula est devenu une langue véhiculaire si répandue, et comment certains éléments culturels Mandé, comme les systèmes de castes, ont pu se propager à des groupes non-Mandé.
Organisation Sociale et Systèmes de Croyances
Les groupes ethniques Mandé se caractérisent généralement par un système de parenté patrilinéaire et une société patriarcale. Historiquement, certains groupes Mandé, tels que les Mandinka, Soninké et Susu, ont maintenu un système de castes hiérarchisé, incluant la noblesse, les vassaux, les serfs, ainsi que des castes d’artisans (forgerons, maroquiniers, potiers, sculpteurs sur bois) et de bardes, connus sous le nom de griots. Le concept de « fadenya » (littéralement « enfant du père », décrivant les tensions entre demi-frères de même père) et son contraste avec « badenya » (« enfant de la mère », symbolisant la cohésion maternelle) est un élément important dans le monde mandingue, reflétant le dynamisme politique et social de ces communautés.
Des sociétés secrètes, telles que Poro et Sande/Bundu, existent parmi les groupes Mandé-locuteurs de Sierra Leone et du Libéria, régissant l’ordre interne de la société et les rites de passage. Les Mandé sont majoritairement musulmans sunnites depuis le XIIIe siècle. Cependant, leurs pratiques religieuses intègrent souvent des croyances indigènes, notamment la reconnaissance de la présence d’esprits et l’utilisation d’amulettes. Les Dioula ont joué un rôle crucial dans la diffusion pacifique de l’Islam en Afrique de l’Ouest , agissant également comme prêtres et conseillers auprès des souverains animistes. Il est important de souligner la diversité interne au sein de l’identité Mandé. Malgré des similitudes entre de nombreux dialectes, certaines langues de ce groupe, comme le Maninka et le Mandinko, ne sont pas mutuellement intelligibles. Cette variation linguistique, couplée à des concepts sociaux distincts comme le « fadenya » et le « badenya », indique que le terme « Mandé » est une classification ethno-linguistique large qui englobe une riche variété d’identités et de pratiques locales.
Arts et Savoir-faire
Les artisans Mandé sont reconnus pour leur savoir-faire dans le travail du bois, de la vannerie, de la calebasse et du métal, matériaux utilisés pour la fabrication d’idiophones, des instruments qui produisent du son par eux-mêmes. L’étude des arts Bamana et des traditions Mandé révèle une richesse artistique qui englobe l’architecture, la sculpture figurative, la création de masques, la mascarade et la confection de textiles.
Les griots (jèli) occupent une place fondamentale en tant que caste importante, gardiens de la tradition orale et de l’histoire des lignées. Leur usage de la parole est strictement encadré et stratégique, jouant un rôle crucial dans la régulation sociale et la transmission des savoirs.
Musique et Danses
Les peuples Mandé possèdent une grande variété de danses et d’instruments de musique, qui couvrent un large éventail d’aspects de la vie sociale, incluant des danses de réjouissance, des danses funéraires, des danses sacrées et des danses de masques. L’accompagnement musical est riche et diversifié, faisant appel à des instruments tels que le balafon, la guitare traditionnelle, des flûtes métalliques et divers types de tambours. Des exemples de musiques et danses Dioula sont disponibles, illustrant la vitalité de ces expressions artistiques.
Cuisine et Habitudes Alimentaires
La base de l’alimentation des peuples Mandé repose sur le riz, le mil et les arachides. Le
Garba est un plat populaire ivoirien, très nourrissant, composé de semoule de manioc (communément appelée attiéké) accompagnée de thon salé frit. Ce plat est souvent garni de piments frais, de tomates, d’oignons, de bouillons cube et de mayonnaise, et est traditionnellement servi dans des « garbadrommes » par des hommes haoussa.
L’Akpessi de banane est un autre plat traditionnel ivoirien, servi avec une sauce simple et légère préparée à base d’aubergines africaines, de tomates, d’oignons et de poisson. En ce qui concerne les boissons traditionnelles, le
Bissap (jus de bissap) et le Gnamankoudji (jus de gingembre) sont d’origine mandingue et très appréciés.
V. Les Krou : Racines, Résilience et Traditions du Sud-Ouest
Origines et Implantation Géographique
Le groupe Krou est principalement implanté dans les régions du centre-sud et du sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Ils sont originaires du Libéria et se sont établis en Côte d’Ivoire par vagues migratoires successives. Les Bété constituent la population principale de cet ensemble ethnique , résidant notamment dans la « boucle du cacao ».
Les sous-groupes Krou incluent les Bakwé, les Guéré, les Wobé, les Niaboua, les Neyo, les Dida, les Godié et les Kroumen. Leur présence le long du littoral atlantique, s’étendant sur environ 120 000 km² entre la Côte d’Ivoire et le Libéria, témoigne de leur implantation historique dans cette zone forestière.
Organisation Sociale et l’Institution des Kroumen
Les Krou sont organisés en une société de type lignager, caractérisée par une filiation patrilinéaire, une résidence patrilocale et un mariage virilocal. Au sein de la société Bété, hommes et femmes jouent des rôles considérés comme égaux, et les femmes Bété sont réputées pour leur franc-parler. Le mariage inter-ethnique est fortement encouragé chez les Bété, avec une préférence pour la recherche de partenaires en dehors du village afin d’éviter toute relation de parenté interne.
L’institution des Kroumen représente un aspect distinctif de la culture Krou côtière. Historiquement, les Kroumen étaient des marins et des travailleurs portuaires, reconnus comme les maîtres incontestés de la manutention maritime sur la côte du golfe de Guinée. Cette activité a profondément façonné leur identité, devenant un rite de passage implicite pour les jeunes hommes Krou, leur permettant de démontrer leur aptitude à intégrer le monde adulte. L’absence prolongée des hommes en mer a même entraîné une « véritable révolution » dans le système matrimonial traditionnel Krou, démontrant comment les exigences économiques externes peuvent remodeler les structures sociales internes.
Arts et Masques
L’art Krou est particulièrement célèbre pour ses masques « cubistes », qui ont fasciné les artistes du début du XXe siècle. Cependant, l’origine et l’usage précis de ces masques demeurent parfois incertains, et ils n’ont pas toujours été observés sur le terrain dans leur contexte traditionnel. Cette lacune dans la documentation ethnographique, contrastant avec leur reconnaissance artistique mondiale, suggère un domaine riche pour la recherche anthropologique future.
L’art Bété se manifeste principalement à travers la sculpture, la musique et l’habillement. Les Bété sont connus pour la production de statues et de masques, dont le masque « gre », conçu pour inspirer la terreur et utilisé dans les rituels liés à la justice et au maintien de l’ordre social. Les vêtements traditionnels incluent le
Tapa (Glôkô), un tissu fabriqué à partir d’écorce d’arbre, et le raphia, une fibre textile végétale tissée. Le tissage du raphia est presque exclusivement pratiqué par les Dida et Godié.
Musique et Danses
La danse Zaouli, bien que principalement associée aux Gouro, est également adoptée par d’autres groupes voisins, y compris Krou. Le
Digba est une danse traditionnelle Bété, également populaire pour le divertissement. La danse
Bollo est une danse traditionnelle de la culture Kroumen, qui a évolué au fil du temps et est souvent pratiquée lors de représentations publiques. Le
Kle est une musique et danse sacrée exécutée lors des obsèques chez le peuple Kroumen, accompagnée de hochets sonnailles.
La musique Bété utilise des instruments traditionnels tels que les tambours (notamment le « Tôkô »), les xylophones et la « Kora ». Des artistes Bété comme Luckson Padaud sont reconnus pour leur contribution à cette musique. La région de l’Ouest de la Côte d’Ivoire est particulièrement riche en danses traditionnelles, avec de nombreuses manifestations culturelles et festivals de musique et de danse qui attirent un large public.
Cuisine et Spécialités
La Sauce Graine, préparée à base de graines de palmier à huile, est un plat très apprécié par le peuple Bété. Le
Lokossoukoue est un plat Bété sans viande, composé de banane plantain, de champignon noir et de poisson sec. La
Sauce Kplé est une spécialité culinaire des peuples Yacouba et Guéré de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Le
Placali, une pâte de manioc fermentée, est souvent consommé avec la sauce Kplala, une sauce de gombo gluante.
Systèmes de Croyances
Les Bété ont une vision spirituelle du monde dans laquelle les ancêtres et les esprits jouent un rôle essentiel. Ils croient en une force divine qui gouverne l’univers et en une vie après la mort, où les ancêtres continuent de veiller sur leurs descendants. Leur religion traditionnelle, bien que parfois perçue comme moins structurée que d’autres, propose des préceptes eschatologiques et une morale adaptée à l’individu. Les esprits sont souvent associés à des éléments naturels tels que les rivières, les rochers et les forêts, et des sacrifices sont effectués pour les apaiser, en particulier en période de difficultés. Les masques, au-delà de leur valeur artistique, sont des objets de médiation qui permettent d’entrer en contact avec les esprits tutélaires lors des danses masquées.
VI. Les Gour (Voltaïque) : Ancienneté, Arts et Pratiques du Nord
Origines et Répartition Géographique
Le groupe Gour, anciennement appelé Voltaïque, est considéré comme l’un des plus anciens peuples de la Côte d’Ivoire, partageant cette ancienneté avec les Sénoufo et les Lobi. Ils sont originaires de la Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso. Leurs territoires traditionnels se situent au nord-est et au nord du pays. Les Sénoufo, un sous-groupe Gour important, sont répartis autour de villes comme Korhogo, Boundiali, Ferkessédougou et Katiola.
Les sous-groupes Gour incluent les Sénoufo, les Lobi, les Mossi, les Gourmantché, les Gourounsi, les Birifor, les Camara, les Degha, les Nafana et les Koulangos. Leur présence ancienne et leurs traditions artistiques robustes, comme le Bogolan et l’art Sénoufo, ainsi que la danse Zaouli, suggèrent un rôle significatif dans la formation du paysage culturel fondamental de la Côte d’Ivoire et un engagement profond envers la préservation des pratiques ancestrales.
Organisation Sociale et Systèmes de Croyances
Les Sénoufo, un sous-groupe Gour majeur, sont majoritairement animistes, bien qu’une partie de leur population soit musulmane. Leur religion traditionnelle est un animisme qui intègre la vénération des esprits ancestraux et des esprits de la nature. Ils croient en un Être Suprême dual, composé d’une Mère Ancienne (Maleeo ou Katieleo) et d’un Dieu Créateur masculin (Kolotyolo ou Koulotiolo). Les figures des ancêtres sont largement représentées dans leur art et sont utilisées à des fins divinatoires. Des sociétés secrètes sont également mentionnées chez les Dégha, un autre sous-groupe Gour.
Arts et Textiles
Les artisans Sénoufo sont réputés pour leur talent dans la création de mobilier, notamment des tabourets, des bancs et des lits magnifiquement ouvragés, qui reflètent leur esthétique traditionnelle et leur savoir-faire exceptionnel. Le
pagne Sénoufo, ou Bogolan, est un tissu tissé distinctif, décoré de motifs représentant des animaux sacrés comme le crocodile, le serpent, la tortue et le caméléon. Ces dessins étaient autrefois censés protéger le chasseur qui portait le pagne. Le
Kontoro est un pagne d’origine Lobi, caractéristique de ce peuple. Le
Kamandjè est un pagne tissé traditionnel Gouro. Les sculptures Sénoufo incluent des figures d’ancêtres, des statuettes de calao (symbole de fertilité, prospérité, enseignement et protection), et des cuillères de prestige.
Musique et Danses
La danse Zaouli, originaire des communautés Gouro, est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, reconnaissant sa valeur universelle. Créée dans les années 1950, cette danse se distingue par la finesse des traits du masque, la beauté et l’agilité du danseur. Elle est aujourd’hui adoptée par un grand nombre d’autres groupes ethniques voisins , ce qui en fait une expression artistique partagée qui transcende les frontières ethniques spécifiques et contribue à une identité culturelle ivoirienne plus large.
Les traditions musicales des Nafana et des Dégha du nord-est de la Côte d’Ivoire sont riches, avec une variété d’instruments tels que les tambours (sur calebasse, métal, poterie, djembé, d’aisselle), le xylophone, la sanza, les trompes, les flûtes et les cordophones (Djourou). Les genres musicaux incluent des musiques funéraires, de chasse et religieuses. Le balafon est un instrument central dans la musique Sénoufo.
Cuisine et Plats Traditionnels
L’alimentation des peuples Gour est principalement basée sur les tubercules (igname, taro), les racines (manioc), la banane plantain et les céréales (riz, maïs, mil, sorgho). Le
Tôh, une pâte de farine de maïs, de mil ou de sorgho cuite dans l’eau bouillante, est une spécialité culinaire de ce groupe.
La Sauce Tchonron est une spécialité du peuple Sénoufo, originaire du nord du pays. Elle est préparée à base de feuilles de haricot ou d’aubergine amère avec de la poudre d’arachide non grillée. Cette sauce est souvent accompagnée de riz ou de tô. Les sauces qui accompagnent les plats de base sont variées et incluent des sauces à l’aubergine, à la graine de palme, au gombo, à l’arachide et à la pistache.
VII. Relations Interethniques, Conflits et Initiatives de Cohésion Nationale
Contexte Historique des Relations Intercommunautaires
L’histoire pré-coloniale de la Côte d’Ivoire est moins documentée pour le grand public. Cependant, les mouvements migratoires, notamment ceux qui se sont accélérés avec la formation des grands empires comme le Ghana, le Mali et le Songhaï, ont joué un rôle fondamental dans la configuration ethnique actuelle du pays. Après l’indépendance en 1960 et jusqu’aux années 1990, la Côte d’Ivoire a connu une période de stabilité relative et de prospérité économique. Cette période a attiré une main-d’œuvre immigrée significative, qui a fini par représenter environ 26% de la population.
L’Impact de l’ « Ivoirité » et des Crises Politiques sur les Relations Ethniques
Après le décès du président Félix Houphouët-Boigny en 1993 et la détérioration économique subséquente, le concept d’« ivoirité » a émergé dans les années 1990. Initialement, l’ivoirité était conçue comme un projet culturel visant à affirmer une identité ivoirienne unifiée et à apporter des valeurs spécifiques à la construction de l’unité africaine.
Cependant, ce concept a été politiquement instrumentalisé. Il a été détourné pour marginaliser les personnes considérées comme « étrangères », les musulmans et les Ivoiriens du Nord. Cette instrumentalisation a exacerbé les divisions ethniques, conduisant à des vagues de violence sans précédent en 2000 et, par la suite, à la guerre civile de 2002-2011, qui a profondément divisé le pays. Les conflits fonciers intercommunautaires, opposant les populations autochtones (comme les Guéré et les Wobé) aux allogènes (Burkinabè, Maliens, Guinéens) et aux allochtones (Sénoufo, Lobi, Malinké, Baoulé), ont été des facteurs déterminants dans l’éclatement de la guerre, en particulier dans la région forestière de l’ouest. Le discours « patriotique » a été employé par les deux camps durant le conflit, soulignant la polarisation des identités. La transformation de l’ivoirité d’un idéal culturel en un outil politique divisif illustre comment les concepts identitaires peuvent être manipulés avec des conséquences dévastatrices sur la cohésion sociale.
Alliances Interethniques Traditionnelles
L’Afrique dispose de mécanismes traditionnels pour la résolution des conflits, parmi lesquels les alliances interethniques, qui sont des pactes de non-agression fondés sur le sacré. La
« parenté à plaisanterie » est un système de solidarité qui permet de désamorcer les tensions par des échanges verbaux irrévérencieux et de la dérision courtoise. Des exemples de ces alliances existent entre des clans Mandinka et entre des groupes comme les Coulibaly/Traoré, Doumbia/Sidibé, Traoré/Koné.
Des pactes de non-agression ont été établis, comme celui entre les Abbey et les Dida, les Malinké et les Sénoufo, ou diverses tribus Dan. Le mariage inter-ethnique est une pratique relativement répandue , notamment chez les Baoulé et les Bété , contribuant à la convivialité et au renforcement du « vivre ensemble ». Ces alliances peuvent également se propager par le mariage des femmes, créant des liens entre villages et clans. Les Dida, en particulier, se distinguent par un grand nombre d’alliés, agissant comme un « nœud et centre unique » dans ce réseau d’alliances. Ces pratiques ancestrales démontrent une capacité endogène à gérer les relations intercommunautaires et à maintenir une forme de paix sociale.
Mécanismes Traditionnels de Résolution des Conflits et Rôle des Chefs Coutumiers
Les modes traditionnels de gestion des conflits en Afrique de l’Ouest se caractérisent par leur oralité, leur dimension rituelle, leur référence aux mythes fondateurs des communautés, et un souci primordial de sauvegarder la cohésion sociale. La
palabre, une discussion sous l’arbre à palabre, est un mécanisme central où les procédures de négociation respectent des rites et des règles tacites, souvent fixées par un lieu et un moment précis.
Les chefs traditionnels et religieux jouent un rôle crucial de médiation. Leur légitimité est enracinée dans l’histoire pré-coloniale, les croyances religieuses et la culture. Ils interviennent souvent en dernier recours dans les conflits, apportant une expertise coutumière qui contribue à l’équilibre social. Les groupes de sorciers peuvent également être impliqués dans la gestion des conflits, soulignant la dimension spirituelle de ces mécanismes. Il est reconnu que ces mécanismes traditionnels ont joué un rôle significatif, évitant à de nombreuses localités de sombrer dans la guerre civile pendant la période d’instabilité de 2002-2011.
Politiques et Initiatives Actuelles pour la Cohésion Sociale et l’Unité Nationale
La Côte d’Ivoire s’engage activement à promouvoir la paix et l’inclusion, reconnaissant explicitement la diversité comme une force. Le
Plan de Cohésion Nationale 2024-2025 illustre cet engagement, visant à mobiliser les acteurs politiques, la société civile et les partenaires techniques et financiers pour des élections inclusives et apaisées en 2025.
Les politiques de gestion de la diversité culturelle sont considérées comme des instruments essentiels pour promouvoir l’inclusion, garantir l’égalité des droits et renforcer la cohésion sociale et l’identité nationale. Des campagnes de sensibilisation sont menées dans les médias pour encourager la cohésion entre les populations. Les
festivals culturels, tels que le Festival des Arts et de la Culture Agni (FESTAGNI), sont des plateformes importantes visant à renforcer la cohésion ethnique en prélude à une cohésion nationale plus large. Le
Festival National des Arts et Culture en Milieu Scolaire (FENACMIS) promeut activement la diversité culturelle et renforce les liens entre les élèves, contribuant à une meilleure imprégnation de la culture nationale.
Symboles Nationaux et leur Contribution à l’Identité Ivoirienne
Les symboles de la République de Côte d’Ivoire sont conçus pour incarner et promouvoir l’unité nationale, servant de piliers à l’identité collective. Le
Drapeau National, avec ses bandes verticales orange, blanche et verte, symbolise respectivement la terre des savanes, la paix et l’espérance d’un avenir meilleur. Il est considéré comme la « carte d’identité visuelle » de la République et doit être magnifié et respecté par tous les citoyens.
La Devise Nationale : UNION – DISCIPLINE – TRAVAIL résume l’idéal commun et la volonté collective d’œuvrer à la construction de la nation. L’Union représente la solidarité et la force du peuple, la Discipline le respect des règles pour garantir le succès des entreprises communes, et le Travail la création de richesse et l’indépendance. L’
Hymne National, « L’Abidjanaise », est la « carte d’identité sonore » qui suscite fierté et émotion, invitant à la fraternité et au travail pour la patrie. Les
Armoiries de la République, avec l’éléphant, le soleil levant et les palmiers, traduisent les fondements de la collectivité et son unicité. Enfin, le
Portrait du Chef de l’État incarne l’unité nationale et est le garant de la cohésion. Ces symboles sont des expressions concrètes de la volonté de transcender la diversité ethnique pour construire une identité nationale forte et inclusive.
VIII. Conclusion
La Côte d’Ivoire se distingue par une richesse ethnique et culturelle exceptionnelle, caractérisée par l’absence d’un groupe majoritaire dominant et la coexistence de plus de 60 ethnies parlant plus de 70 langues nationales. Cette diversité, bien que parfois complexe à gérer, est explicitement reconnue comme une force fondamentale pour la construction de la paix et de l’identité nationale.
L’analyse révèle que l’identité nationale ivoirienne est une construction dynamique et négociée, façonnée par des interactions historiques profondes. Les grands groupes ethno-linguistiques — Akan, Mandé, Krou et Gour — chacun avec ses origines, ses structures sociales (matrilinéaires chez les Akan, patrilinéaires chez les Mandé), ses systèmes de croyances et ses expressions artistiques et culinaires distinctes, contribuent à un patrimoine national vibrant. Des pratiques comme l’adoption de la danse Zaouli par plusieurs groupes ou les emprunts culturels des Baoulé aux Gouro illustrent la perméabilité et le dynamisme des frontières culturelles.
Historiquement, le pays a su développer des mécanismes endogènes de cohésion, tels que les alliances interethniques, la parenté à plaisanterie et le rôle médiateur des chefs traditionnels. Ces mécanismes ont prouvé leur efficacité dans la gestion des tensions et la préservation de la paix sociale, notamment pendant les périodes d’instabilité.
Cependant, l’histoire récente du pays a également mis en lumière les vulnérabilités de cette diversité. L’instrumentalisation politique du concept d' »ivoirité » a transformé un projet culturel initial en un facteur de division, exacerbant les tensions ethniques et menant à des conflits internes. Cette période a souligné l’importance cruciale d’une gouvernance inclusive et de politiques qui valorisent plutôt que ne fragmentent la diversité.
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire s’engage activement dans des initiatives de cohésion sociale, à travers des plans nationaux, des campagnes de sensibilisation et la promotion de festivals culturels. Ces efforts, combinés à la force symbolique des emblèmes nationaux, visent à renforcer le « vivre ensemble » et à consolider une identité nationale qui célèbre sa pluralité. Le défi demeure de maintenir cet équilibre délicat, en transformant les différences en sources d’enrichissement mutuel et en garantissant que tous les peuples de Côte d’Ivoire se sentent pleinement inclus dans le projet national.